mercredi 3 juin 2009

On raque à Padirac

Ne me cassez pas les pieds en me claironnant que c’est un peu facile et vulgaire ! Je voudrais vous y voir, vous, essayant de trouver un titre adéquat pour cette foutue journée ! Et puis vous allez voir, qu’il y a tout de même un peu de vrai là dedans. Donc, dès potron minet, et non pas « poltron minet », qui serait une méchante calomnie envers la race féline, qui n’est pas toujours peureuse, nous nous sommes levés de bon matin, et un dimanche en plus ! Même plus le respect du jour du Seigneur ! On nous force à bosser les weekend maintenant. Il paraît que c’est dans l’air du temps. Bref, après un petit déjeuner fort copieux (le gavage ayant déjà commencé) nous avons pris les voitures, direction Padirac-City. Moi, qui était « vierge » de cette attraction géologique, populaire et nationale, je m’attendais à un site tout simple avec une petite guitoune pour les biftons à l’entrée, comme on en voit dans les attractions de fêtes foraines.
Hou ! La ! La ! Grave erreur ! C’est presque « Disneyland sur Lot » .
Un hôtel, des restos en pagaille, des boutiques souvenirs « made in China » comme il se doit. Les Chinois sont partout. Je me demande même si l’eau bénite que l’on vend à Lourdes par jerrican, ne vient pas, en fin de compte d’un simple robinet pékinois. J’ai toujours eu un côté parano et légèrement désabusé ! Il y a même une centrale électrique pour toute cette petite ville. Et des parkings pour tas de ferrailles à quatre roues à perte de vue. On a garé les charrettes pas trop loin de l’entrée. D’ailleurs, entrée monumentale digne d’un casino de la côte d'azur. Et à côté, presque discret : « the big hole » ! La grosse bête ! Le gouffre immense !
Pas aussi important que celui de la sécu ou du déficit budgétaire français, mais quand même ! On est positivement impressionné. Que la nature ait pu faire une chose pareille, a quelque chose d’angoissant et de mystérieux, quelque part. Mais comme « la direction » nous avait d’abord concocté une balade champêtre, nous voilà parti sur « les chemins de bon matin », mais pas à bicyclette, à pédibus !







On s’est donc farci cinq bons kilomètres dans la nature verdoyante pour arriver au charmant petit village de Loubressac. Dire que les points de vue étaient époustouflants de beauté, est d'une telle platitude que je préfère vous laisser regarder les photos. Cela m'évitera de dire des fadaises de
« pouète-pouète » à deux balles! Je déteste les cuistres qui vous balancent des descriptions alambiquées et emmerdantes comme la lecteur des résultats sportifs, le dimanche soir à la télé, alors qu'il suffit simplement de ….regarder! Malheureusement pour ma pomme, j'avais oublié d'acheter ma crème solaire, avant de partir. Et comme j'ai une peau de
« rouquemoute » qui rougit comme un homard ébouillanté, au lieu d'avoir cette belle couleur de chocolat au lait dont nos femmes raffolent, je cherchais désespérément une officine qui put
(du verbe pouvoir et non pas puer) m'en fournir! Car à Terrou t'as rien! Et là, à Loubressac, Ô merveille! Une épicerie! Je m'y précipite avec un couple égaré de notre bande de joyeux pédestres. J'achète mon produit protecteur, je passe à la caisse, et là, je manque d'avoir une syncope! Car en plus de gaveurs convulsifs, je ne savais pas qu'il existait encore des « bandits de grands chemins » dans ces contrées perdues! « la bourse ou la crème solaire »? J'abandonnais donc ma bourse. Au singulier, bien évidemment! Car celles au « pluriel » commençaient à me gonfler dangereusement à la vue de mes biftons disparaissant dans la caisse de mes « rançonneurs ». Ce petit intermède commercial me mit en retard, car je reçus aussitôt un coup de bigot sur mon portable du « chef de la meute » qui s'impatientait.





On a repris ainsi, notre randonnée, d'abord sur le plateau, bien en hauteur. Et qui dit « hauteur », dit fatalement « descente ». Et celle sur Autoire fut « carabinée ». C'omme je l'ai dit alors à mes camarades de corvée qui n'en avaient strictement rien à cirer: « il a des descentes qui valent des montées ». Quand on sait à quel point j'adore les grimpettes. Donc, nous sommes arrivés sans encombre à Autoire, dans un village particulièrement désert et calme.
Il paraît même qu'on y tourne des films! C'est normal. Cela ressemble furieusement à un décor de cinéma tellement l'architecture est typique, bien conservée dans son époque. C'est bien simple, on dirait que Jacquou le Croquant va surgir brusquement à un coin de rue.




Mais après, il a fallu se farcir la montée dans le « cirque ». Et quel cirque! C'est bien simple; à un moment, j'ai presque regretté nos randos à Pralognan. C'est vous dire si j'en ai bavé. Heureusement que j'avais bien retenu ma tactique de montée: Ne jamais s'essouffler, en montant à son rythme. Et je vous jure bien que je suis montée à mon rythme. Même qu'à un moment donné, un escargot a failli me doubler!
C'est alors que nous avons rencontré une bande de fous. Il faut bien appeler les gens par leur nom. Des types qui grimpaient la falaise à l'aide de cordes! Comme si c'était pas déjà assez pénible de la monter à pieds! Ah! Je vous jure! Il y a des masos et des cinglés partout. Et quand je parle de « masos » je ne crois pas si bien dire! Car il y avait un bel escalier métallique qui nous menait au sommet immédiatement, quelques mètres plus loin. Et bien il y a des « distraits » qui n'ont même pas été foutu de le voir! Ce qui fait qu'on a ramer encore une bonne centaine de mètres pour rien, sur cette putain de falaise! Mais je ne dénoncerai pas. Vous savez que ce n'est pas mon genre. Enfin, la délivrance survint quand nous aperçûmes nos « dealers » de Terrou, venus spécialement en fourgonnette, nous apporter nos « remontants » spéciaux sous forme d'apéritifs et de victuailles réparatrices.



Sous la surveillance attentive du chef mafieux local.

On s'est donc fait un bon « trip »! Pardon! Un bon repas! Ah! On pouvait se reposer. Et quand j'ai vu d'où nous venions, cela m'a flanqué un vertige hallucinant. Savoir qu'on est capable d'un tel « exploit » vous fortifie l'ego immédiatement.


Nous avions tellement faim que certain posait leur assiette n'importe où. Le repas terminé, nous sommes descendus à toutes « pompes » (c'est vraiment le cas de le dire pour des randonneurs!) vers le gouffre de Padirac qui nous attendait pour quinze heures! C'est vous dire si la digestion a été malmenée! Moi qui ai l'habitude de ma petite sieste post-prandiale, j'étais encore de la revue!


Arrivé au gouffre, Michel est allé prendre les tickets, et nous sommes alors descendus dans
la « bête ». Certains petits malins sont descendus par l'escalier. Toujours cette vanité puérile qui consiste à se prendre pour d'éternels gamins. Mais moi, qui suis un gros fainéant, pas du tout sportif, j'ai préféré le confort bourgeois des ascenseurs. Ils existent. Il n'y a donc aucune raison de s'en priver. Descendre à « pinces » est à la portée de l'homme de Cromagnon, mais prendre un engin sophistiqué sorti de la cervelle, de l'intelligence, du génie humain, est un privilège de roi réservé à des individus hautement civilisés. Nous avons quand même rejoint nos « primates » dans le fond du gouffre.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que si l'endroit est grandiose, il est aussi très....humide. Faut pas souffrir de rhumatismes! C'est alors qu'il m'est arrivé une chose fort cruelle, et assez déroutante: J'avais une soif mortelle! Mais une soif! Et entouré de toute cette flotte bien fraîche, c'était un vrai supplice. J'ai failli en oublier la beauté du site. Après avoir parcouru une galerie interminable, nous sommes arrivés au quai d'embarcation où nous attendaient des barcasses en aluminium « drivées » par de jeunes guides appartenant à la société d'exploitation du gouffre. Et quand on dit « exploitation » c'est bien de cela dont il s'agit! Tu parles d'une usine! Quelle organisation commerciale! Bref! Nous nous sommes installés dans cette coquille de noix dont la stabilité sur l'eau laissait à désirer! C'est comme dans un aéronef! Il faut bien calculer le « coefficient de centrage ». C'est à dire, de bien répartir les « gros » et les « petits » gabarits dans le bateau. Sinon, c'était le naufrage assuré. Je n'ai pas compris les ricanements un peu niais de nos camarades restés sur le quai, en voyant nos efforts laborieux pour nous repartir judicieusement dans le frêle esquif. Qu'est-ce qu'il y avait de drôle? Bon, ça tanguait un peu! Et alors? Notre gondolier du Lot nous a ensuite trimballé sur le canal intérieur. Il était très très bronzé! Mais, à mon avis, son « bronzage » ne devait pas venir des projecteurs qui nous éclairaient le long du parcours.Que j'avais soif! Je lui ai même demandé si l'eau du canal était « potable »! Et comme de bien entendu, elle ne l'était pas! C'était bête de regarder toutes ces splendeurs géologiques, avec la vue brouillée par un bon bock de bière bien fraîche! Nous sommes alors entrés dans des galeries somptueuses, titanesques serait plus juste! Des voûtes culminants à plus de quatre vingt dix mètres de haut! Cela me rappelait un joli téléfilm, très ancien, réalisé par Marcel Bluwal, et produit par Claude Santelli, que tout le monde à oublié, mort écrasé par un éléphant! Il faut le faire! Quel cruel destin! Ce téléfilm était adapté d'un roman de Jules Vernes, « les Indes Noires » et l'action se passait dans des mines et des cavernes en Ecosse. Le charbon en moins, la grandeur était là! Une cité entière pourrait y être construite! Mais le plus beau nous attendait à la sortie!

Je n'ai pas compris tout de suite, la raison du violent balancement provoqué par
notre « gondolier » juste au moment d'accoster nos barcasses, et qui me fit monter instantanément mon taux d'adrénaline. C'est en voyant la grimace un peu niaise que je faisais sur la photo souvenir que j'ai douloureusement compris! Ah! Les gueux! Ah! Les pervers! Et le plus terrible, c'est que la photo en couleur est déjà prête à la caisse. Une vraie organisation mafieuse! Et cela dure depuis longtemps! Car j'ai retrouvé un jour, chez moi, dans un vieil album de mon épouse, une photo en noir et blanc datant des années cinquante, qui représentait exactement la même scène, mais avec des gens différents, bien sûr! A part les photos numériques en couleurs et l'ordinateur, rien de nouveau sous le soleil! Ou plutôt sous la voûte de calcaire! C'est quand même beau de revoir le ciel! Car je vous l'avoue sans complexe, malgré les beautés fantastiques des profondeurs terrestres et caverneuses, je préfère la vue merveilleuse de nos campagnes, à l'air libre. D'accord, les stalactites, et les stalagmites c'est bien joli, mais la vue de notre charmant village de Terrou au détour d'un virage, sur le chemin du retour, dans le soleil couchant, c'est pas mal non plus!



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