lundi 28 juillet 2008

Mortes au champ d'honneur

Mercredi 25: Matinée libre.

Apm : Le pont de Gerlon, la forêt d'Isertan, le sentier Manette. Dénivelé : 400 m (± 200 m). Durée : 3hOO*


Qu'ils disaient dans le programme!

A ce point du récit de nos pérégrinations montagneuses, je dois vous faire part d'un deuil cruel m'ayant frappé douloureusement, et par surprise, comme c'est bien souvent le cas, dans de pareilles circonstances.
Perdre aussi brutalement de fidèles compagnes, est une épreuve inhumaine que je ne souhaite à personne!
La cruelle maladie qui allait les emporter impitoyablement, avait déjà montré son groin monstrueux, les jours précédents.
Des signes de fatigue visibles de tous, des bâillements indécents et incongrus, avaient tellement choqué mes compagnons qu'ils m'en firent part, avec ménagement et amitié!
Il devenait évident que ces pauvres bêtes entraient en agonie.
L'émotion m'étreint en pensant à toutes ces années de loyaux services qu'elles m'avaient rendus sans broncher, sans une protestation, sans une plainte!
Pourtant des signes prémonitoires auraient dû m'avertir.
Un soir, que j'allais jeter à la poubelle mes reliefs du repas de la journée, j'eus une vision de cauchemar!
Arghhhhh!
Elles étaient là, mortes, sur un tas de détritus! Vision insoutenable!
Même couleur, même forme, même marque!
Jean-Michel, avec un parfait cynisme et le froid détachement des anciens infirmiers, pratiqua à vif un prélèvement d'organes sous la forme de deux lacets.
Cet acte répugnant me scandalisa au plus au point!
Profiter ainsi du décès de deux pauvres bêtes innocentes!
Ah! Le vil charognard! Honte à lui!
Et je m'envoyais mentalement un formidable coup de pompe dans l'arrière train pour ne pas y avoir penser moi-même!
Heureusement, il ne s'agissait pas des miennes!
Car vous l'aurez compris, ces chères compagnes dont je fais le récit d'une disparition prématurée, ce sont mes « grolles »!
Mes pompes de randonnées!
Elles moururent courageusement, à la tâche, dans un sentier de montagne!
Au fond, quelle belle mort! C'est pas toutes les pompes de randonnées qui peuvent se targuer d'un décès aussi glorieux! D'un pareil « privilège »!
Elles sont donc mortes au champ d'honneur!
Heureusement que le mercredi matin fut libre!
C'est ainsi que je pus (je vous en prie! Il s'agit du verbe pouvoir!) acheter une nouvelle paire au magasin du village!
« La grolle est morte! Vive la grolle »! Telle est la devise du randonneur!
Pendant ce temps-là, d'autres faisaient du lèche-vitrine, achetaient force carte postales, vêtements et babioles inutiles qui encombreront bientôt, caves et greniers!
Pour une fois nous mangeâmes le midi à la résidence.
C'est qu'il fallait prendre son élan pour endurer ce qui nous attendait l'après-midi!
Et même pas une petite sieste réparatrice après le repas!
Moi, quand j'ai pas ma petite sieste quotidienne, après le repas de midi, cela me rend teigneux! Heureusement, mes nouvelles pompes se comportèrent amicalement en étant aussi confortables que des pantoufles!
On a ensuite rencontré quelques « copines » au bronzage déjà avancé et qui attendaient de se faire tirer.........le lait!
Et puis nous avons cheminé par de beaux sentiers, bucoliques et champêtres à souhait!
« la nature est là qui t'aime et qui te tend les bras » écrivait un vieux fêlé du 18ième!
Siècle!Pas arrondissement! Et il se prénommait Jean-Jacques!
« Qui te tend les bras »? je t'en foutrais d'écrire des « sonneries » pareilles!
Tu parles qu'elle nous tend les bras!
Elle nous ferait plutôt des crocs en jambe dès qu'elle le peut, la garce!
Si elle est jolie, c'est comme les péripatéticiennes!
C'est pour attirer le micheton! Ou le randonneur imprudent!
Et là, le plus beau était pour la fin; On a retrouvé le brumisateur géant du premier jour:
la cascade de la fraîche!
L'arc-en-ciel, installé par les employés du syndicat d'initiative de Pralognan, était toujours à sa place!
Quant à mes nouvelles grolles, elles avaient parfaitement bien tenu le coup, et somme toute, nous avions fait une belle balade, pas trop douloureuse, pour une fois!

Est-ce que mes pompes neuves y étaient pour quelque chose? Allez savoir?

samedi 19 juillet 2008

Des cols et des faux cols!

Toujours dans la même « sécheresse » administrative, voici ce que l'on avait
(et pas navet!) au programme:




Mardi 24 : Le refuge de la Vanoise altitude 2 500 m par le col du Moriond altitude 2 250 m. Départ par le téléphérique du mont Bochor, retour par le lac des Vaches, les Barmettes et les Fontanettes. Dénivelé : 1 850 m (+ 650 m/-l 200). Durée : 7h30. Ou selon météo : Le Chalet des Gardes altitude 2 450 m par le lac des Vaches.

Dénivelé : 1 550 m (+ 500 m/-l 050). Durée : 6h30.


Ah! Ce refuge de la Vanoise! Tout une histoire! Savez-vous qu'il fut d'abord appelé: Refuge Félix Faure? Parce qu'en l'honneur de l'ancien Président de la République française qui franchit le col en 1897 à l'occasion de manœuvres militaires.

Sources Wikipédia

Sacré Félix! Mais ce n'est pas d'avoir grimpé sur celui-ci qui lui fut fatal!
Il y a bien d'autres cols plus dangereux, dans la nature, et qu'il ne sut pas franchir jusqu'au bout! Je n'insisterai pas d'avantage, car des yeux innocents peuvent tomber sur ce texte, et je ne voudrais pas passer pour le pornographe de service!
Et si on revenait à la montagne?

Après un petit déjeuner copieux, nous nous sommes présentés devant un engin que je n'avais pas eu l'occasion de prendre, depuis au moins.....hou!
Je préfère rester pudique sur la question!
Le téléphérique!
Que l'on pourrait appeler le « télé-féerique » si on avait l'âme un peu
« pouêtesse », ce qui n'est pas mon cas, quitte à décevoir certaines de mes fans girls!
Quand je dis « féerique » je galéjade un brin, vu que je « glaglatais » ferme en voyant la station du sommet si éloignée, et si haute, perdue dans les cimes de la montagne!
Etre trimbalé à une vingtaine, dans une boite de ferraille, suspendue à un câble dont on ne connaît pas la solidité, voilà qui ne porte pas, dans l'immédiat, à un enthousiasme délirant!
Ben, je fus surpris par ma propre inconscience!
Même pas peur! Incroyable, non?

Au contraire! J'en fus quitte, avec mes compagnons de « bonne fortune », pour admirer le panorama grandiose qui s'offrait ainsi à nous!
Arrivés au sommet, au Mont
« machin-chose », Bochor, il nous fallut prendre la route et un sentier vertigineux, à flanc de coteau! .
Au début, ça descendait!
Chouette! Me réjouissais-je un peu vite!
(Eh! Eh! C'est pas facile à dire! Surtout avec de la farine dans la bouche et un mauvais dentier!) Mais cela n'allait pas durer!
Nous avons alors croisé une drôle de baraque un peu surréaliste: la station d'un télésiège!
On aurait dit un engin extraterrestre égaré dans les alpages!
Mais le plus cocasse allait survenir quelques instants plus tard,
quand je suis tombé sur une « moto-neige »!
Tiens? Un tourisme esquimau tombé en panne sèche, l'hiver dernier?
Il aurait quand même pu la garer ailleurs! Vous ne trouvez pas?
Et on dit que le climat se réchauffe?
Comment a-t-il fait pour venir du Canada, alors?

Bon! Le calvaire habituel des grimpettes a commencé. Harassant, comme d'habitude.

Jeannine faisant semblant de s'intéresser aux fleurs, comme d'habitude.
Pierre et Dominique nous faisant croire, eux, qu'ils avaient aperçu deux bouquetins!
Tiens! Mon oeil! Moi je n'ai rien vu!
Mais eux, vont vous soutenir mordicus que s'en étaient!
Et je suis de nouveau resté seul, avec mon « sherpa » Antoine.
Heureusement, la nature, dans son immense bonté, nous fournit parfois la consolation d'une présence animale!
Je ne parle pas d'Antoine!
Je parle de la marmotte que nous avons rencontrée, et qui nous fit un brin de conversation.
Mais comme toutes les bêcheuses de sa race, elle nous a montré son derrière avant de se tirer, d'un pas méprisant, vers ses nouvelles occupations.
Comme si cela ne suffisait pas à nos souffrances, voilà-t-y pas que les névés arrivent!
Moi, la neige, je l'aime bien en carte postale, avec le Père Noël, son traîneau, et les guirlandes de houx qui vont avec!
Donc, de très loin! Mais là, en plein mois de juin, c'est limite!
C'est froid, ça glisse, et c'est même pas d'une blancheur immaculée! Il s'en faut de beaucoup!
Vu tous les croquenots cradingues qui l'ont déjà foulée!
Le plus dur nous attendait au sommet du col, quand il fallut descendre une pente neigeuse donnant sur la platitude désertique d'un lac à moitié asséché.
Traversant cette zone caillouteuse et humide, nous avons regagné le groupe qui commençait déjà à manger.
Après ce repas frugal et réparateur, nous sommes remontés quelques minutes, pour enfin, arriver au fameux refuge de la Vanoise.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'architecture de ce « blockhaus » sans originalité, n'attire pas spécialement l'oeil!
Il est moche, le pauvre malheureux!
C'est pas le musée Guggenheim de New york, ni la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier!
Ah! Ce n'est vraiment pas une oeuvre d'art! On peut vite l'oublier!
Mais ce n'est pas ce qu'on lui demande! N'est-ce pas?
Ces dames n'ont pas pu s'empêcher de squatter unilatéralement les toilettes de la station, interdite aux promeneurs!
Quant à moi, je me suis fais vertement rappeler à l'ordre par Michel, m'expliquant que la nature nous avait fournit des dispositifs naturels, à nous les hommes, afin de pouvoir nous passer de ces endroits mal fréquentés!
Ce qui se révéla tout à fait exact!
Après cet intermède urinaire et touristique, nous sommes redescendus vers la vallée.
Mais que de neige! Boudiou!
Et un beau lac gelé par la même occasion. Et c'est ainsi que nous sommes arrivés, cahin-caha (plus caha que cahin d'ailleurs!) aux lacs des vaches!
Et ben, vous savez quoi? Il n'y en avait pas une seule!
Une vraie escroquerie!
D'ailleurs, on se demande; premièrement ce qu'elles auraient pu y brouter, et deuxièmement, il aurait fallu qu'elles y arrivent, à ce foutu lac!
Des vaches alpinistes? J'y crois pas!
Ah! Par contre! Il y avait une magnifique allée pavée, pour que les visiteurs occasionnels ne se mouillassent pas les pinceaux!
Quelle délicate attention!
Nous sommes redescendus, en rencontrant au passage, une marmotte pétocharde planquée sous sa roche protectrice!
Vous vous souvenez du départ? J'étais heureux de descendre! Mais l'abruti que je suis, n'a pas songé une seconde qu'il fallait qu'il remontât pour terminer la course! Aïe! Aïe! Aïe!
Nous avons enfin repris l'engin acrobatique en ferraille pour redescendre!
Pas moyen d'y échapper! Nous avons croisé à toute vitesse, la cabine montante.
Ce qui me fit penser irrésistiblement au film de guerre:


« Quand les aigles attaquent »!
Avec Richard Burton et Clinete Histwoude (je déteste l'anglais!)
« Richard Burton » qu'une précipitation hasardeuse faillit me faire écrire « Ricard » Burton!
Mais lui, c'était plutôt du Bourdon qu'il s'ingurgitait à haute dose!
Tous ceux qui l'ont vu comme moi, (le film, pas Richard!) se souviennent des scènes épiques et terrifiantes ayant comme principale « vedette » un magnifique téléphérique qui explosait à la fin du film, dans la station de la vallée!
J'ai toujours une ou deux associations d'idées, comme ça, dans la caboche, quand je me promène quelque part!
Et on voudrait que je sois « paisible »!
C'est plus fort que moi! Mais, ce coup-ci, pas d'atterrissage en flammes, ni d'explosifs!
Que le plancher délicat et accueillant des vaches !
Et le vrai! Pas celui frelaté du fameux lac aux bovidés introuvables!
Il faut que je vous avoue une petite faiblesse indigne du grand
« sportif » que je suis.
Les moments les plus sublimes du séjour, c'est quand même au bar de la résidence qu'on les avait, juste en débarquant de nos courses pédestres!
Quand la première gorgée de bière tombait dans les gosiers enflammés par la soif!
Et une gorgée d'une belle bibine bien fraîche et .......sans faux col!


vendredi 11 juillet 2008

Ah ! ça Valette le coup !

Lundi 23 : Le refuge de la Valette par les Nants, altitude 2 600 m. Départ du hameau des Prioux , altitude 1 700 m, retour par le hameau de Montaimont et le refuge du Roc de la Pêche. Dénivelé : 1 800 m (± 900 m). Durée : 7h30.


Voilà, ce qui, en toute « sécheresse » administrative, était proposée par la « direction » !
Quand Michel nous annonça qu’on allait faire un brin de chemin dans sa « tuture » moderne jusqu’au hameau des Prioux, j’ai biché comme un pou !
(vieille expression française n’étant plus en usage depuis au moins un siècle, sauf dans quelques maisons de retraite isolées du Morvan !) .
Las ! Comme je vous l’ai déjà expliqué, lors des épisodes précédents, en montagne, il faut s’attendre à tout !
Même à un troupeau de chèvre jouant aux poids lourds en colère, sur les routes alpestres !
Ici, il ne s’agissait pas de gasoil trop cher, mais de « lolo » à se faire ponctionner d’urgence pour faire de bons petits fromages
pour ces « andouilles « de touristes venus pollués leur tendre gazons savoureux !
Une sorte de « vengeance » en quelque sorte !
Même les chèvres peuvent être mesquines !
Les seules à être ravies du spectacle, se sont nos éternelles curieuses : les vaches !
A défaut de train, on regarde passer des abrutis dans leurs tas de ferrailles à roulettes !
ça occupe quand même !






Bon ! Nous sommes quand même arrivés avant ce troupeau insolent, au hameau des Prioux.
Ce qui nous permit de les admirer, un tantinet « hautain »
(c’est vraiment le cas de le dire !)
de la position déjà élevée où nous étions alors !




La réjouissance fut de courte durée pour moi. Rebelote pour ces interminables montées harassantes, ponctuées quand même, de belles choses à voir !











Un petit arrêt « pipi » dans une vieille cabane en pierres, fut le bienvenu !
Et on a monté, monté, monté…. !
J’avais la langue qui traînait parterre, les yeux brûlés par la transpiration, le souffle d’un asthmatique qui va rendre l’âme !
Mais à part ça ; le bonheur ! Le Nirvana des cimes !

Enfin, un bon quart d’heure après les autres, j’arrivais au fameux refuge de la Valette, sous un tonnerre d’applaudissement !
Sauf que dans un théâtre, à l’Olympia, à Bercy, c’est vachement gratifiant !
Là, j’avais un tantinet l’impression que l’on se foutait un peu de ma fiole !
Mais c’était sûrement une très mauvaise impression de ma part! Ombrageux comme je suis !
Se jetant parterre, on a sortit les affaires pour claper en paix nos délicieux sacs repas récoltés le matin même, à la résidence.
C’est alors que survint un attentat absolument ignoble !
Les mots ne sont pas trop forts !
TZIIIIINGGGG ! TOUM ! TOUM ! TOUM! TZIIIIINNNGGGG! TOUM! TOUM !
Horreur! Des terroristes islamistes? Une invasion martienne ?
Quels étaient ces bruits sacrilèges dans un endroit où devait régner le silence des montagnes ? Un groupe électrogène, et d’affreux sadiques maniant une scie électrique ! Pas moins !
Voilà ! on se casse le c..l à grimper pendant des heures ces foutus montagnes, on nous vante la qualité de leur air pur, de leur silence, de leur beauté, et on tombe sur quoi ?
Ce qu’il y a de plus agressif et de plus « sauvage » dans nos sociétés modernes :
LE BRUIT DES MACHINES ! Totalement désespérant !
Mais où faudra-t-il aller bientôt pour avoir la paix ? Sur la lune ? Sur Mars ?
Comme là-bas, il n’y a pas d’oxygène, il n’y a pas de bruit non plus !
Et tous ces engins diaboliques sont amenés par hélicoptères, bien sûr !
C’est vous dire si la tranche de mortadelle, la salade de carotte prirent soudain un goût amer ! Fuyant cet endroit « pollué » et « sonore » nous sommes redescendus par le même chemin ! Original, non ?
Bien que les « spécialistes » n’arrêtaient pas de nous rassurer, je trouvais certains chemins bien étroits, et proches de ravins mortels.
T’avais pas intérêt à renouer tes lacets à ces endroits là !
Sinon, c’était la grande plongée vertigineuse et sans retour !
’en connais une qui n’aurait pas fait deux mètres sur ces sentiers :ma femme !
Ce qui prouve que l’instinct de survie est assez puissant, car nous n’avons eu à déplorer aucune perte humaine !
Nous nous sommes même fendu le luxe de redescendre par une autre voie, pour aller voir un charmant petit lac de montagne de toute beauté.
Où certaines n’ont pu s’empêcher de jouer les vedettes !






Nous avons enfin regagné le parking, où nous attendaient
les « carrosses salvateurs »



A suivre




mardi 8 juillet 2008

La montée du Golgotha

D'accord! Cela ne s'appelait pas le Golgotha, mais le col de Napremont!
A mon avis, ils auraient dû le nommer; le col « d'âpre » mont!
Donc, mon «chemin de croix » commença un dimanche matin!
C'était pas faute d'être partis « joyeux » et « insouciants » dans la plaine ensoleillée et fraîche, d'un beau matin d'été!
Mais « bosser » le jour du Seigneur, ça porte la poisse!
Il y a de la malédiction dans l'air, quand on ne le respecte pas!
La vision bucolique des « meuh-meuh » brunes et grasses dans les prés bien plats que nous traversâmes en premier, ne me prépara pas du tout au calvaire que j'allais subir, quelques heures plus tard!
D'ailleurs, en fait de calvaire, j'aurais dû me méfier quand j'en rencontrais un beau, juste au début du parcours!
C'était un signe de la providence!
Faut jamais négliger les signes de la providence!
La montée fut entreprise au pas de charge par mes « caprins-bouquetins » de compagnons!
Ce qui fait que je fus très vite largué!
Soufflant comme une locomotive à vapeur frappée par un mitraillage aérien de la Luftwaffe, je fus vite à court d'oxygène!
Obligé de m'arrêter pour ne pas mourir asphyxié!
Et c'est alors que je vis des « p'tis cons » de gamins et de gamines me passer sous le nez en cavalant, pour parachever une humiliation déjà très avancée.
Mon désespoir aurait atteint des profondeurs abyssales si, tel un marin-sauveteur, Janine n'était pas venue « repêcher » un homme « passé par dessus bord » dans cet océan de caillasses et de verdures sylvestres!
C'est à petits pas comptés que je poursuivis cette montée, comme les vieux font la course avec leur déambulatoire, dans les maisons de retraite!
Pas flambard, le mec!
A côté de moi, Janine faisait semblant de prendre des photos de petites fleurs!
Je n'étais pas dupe de son « manège »!
Tout ça, pour ne pas m'humilier d'avantage!
Mais, insensiblement, je repris le dessus, et le courage me revint un peu!
En pestant et en râlant, comme à mon habitude, je m'élevais quand même!
Je dois faire une parenthèse pour expliquer, que si, pour la plupart des individus, l'effort physique intense calme les nerfs, pour moi, c'est exactement l'inverse!
La fatigue me provoque toujours une fureur noire! Allez comprendre pourquoi?
Loin de m'apaiser, j'ai envie de flanquer des baffes à tout ce qui parle, et de taper sur tout ce qui remue!
Ce qui expliquerait, en partie, mon désintérêt total pour le sport!
D'où ce manque d'entraînement physique que je paie, ici, très cruellement!
Mais on s'habitue à tout! Strictement à tout!
Et comme les petits copains, je finis par arriver au col! Et même pas le dernier!
C'est vous dire! Ce dont je fus le premier surpris!
Ah! Mais il est une certitude: l'effort paie! Et même très bien!
Puisque s'offrit à nous, un panorama grandiose, époustouflant!
Le repas ne fut pas celui de la Cène, mais il était le bienvenu, après le calvaire vécu par bibi!
Tout aurait été parfaitement idyllique si je n'avais pas senti soudain, un liquide froid m'envahir le fondement!
Horreur!
Je m'étais assis sur l'embout de mon réservoir d'eau!
De vieux souvenirs de couches-culottes mouillées me revinrent en mémoire!
Mais c'est le genre de souvenirs de jeunesse qu'on préfère oublier!
Et pas des plus agréables, je vous prie de le croire!
Encore une occasion rêvée pour mes compagnons de se payer ma fiole!
Bon! C'est pas tout! Mais une fois là-haut, il faut redescendre!
Moi, les descentes, à priori, je préfère!
Mon quintal m'entraînant, par la force de la gravité, vers le bas, je serais plutôt pour!
Si ce n'est qu'au bout d'un moment, ce sont les genoux qui renâclent ferme!
Ainsi que les muscles du devant des cuisses!
Mais bon! Comme par un hasard extraordinaire, ce coup-ci, c'est moi qui suis dans les premiers! Cette magnifique descente vertigineuse s'annonçait pas trop mal!
Bien que les ravins côtoyés ne soient pas très engageants, les sentiers étaient bien tracés et sans difficultés.
En toute logique, on s'attendait à ce qu'il en soit ainsi jusqu'en bas!
C'est méconnaître une particularité intéressante de la montagne, que des citadins novices, comme nous, ignorent toujours: La montagne réserve toujours des surprises!
Et parfois fort désagréables!
Nous tombâmes très rapidement sur un tas d'éboulis composés de caillasses, de rochers de toutes dimensions, et même des plus imposantes, où tout chemin « civilisé » avait complètement disparu!
Las! Passé les quelques instants d'angoisse, on se mit à escalader ce foutoir pierreux, en faisant attention à chaque fois que l'on posait les pinceaux sur une pierre, de façon à ne pas provoquer une avalanche d'éboulis, ou de se tordre les chevilles!
On se disait bien, qu'en suivant la pente, on arriverait enfin en bas!
Après une heure de cheminement harassant, croyant notre salut arrivé, à la vue d'une renaissance herbeuse engageante, nous sommes tombés sur la deuxième « catastrophe »!
Une falaise abrupte, totalement infranchissable!
Là, sincèrement, je me suis dis qu'à part les hélicoptères de la gendarmerie, je me demandais bien comment nous allions pouvoir regagner la vallée sans problèmes!
Mais il y toujours un miracle pour les innocents et les inconscients de la montagne!
Je l'ai souvent vérifié!
Des éclaireurs courageux sondèrent les versants gauches et droits de notre cul de sac!
Bientôt, il s'avéra que le « droit » donnait plus d'espoir!
En chevauchant des troncs d'arbres, et à moitié en escaladant des rochers, Françoise et moi, nous nous retrouvâmes, par un miracle qui s'explique difficilement
(comme tous les miracles, dailleurs!) en tête de cette exploration improvisée.
Avec un instinct et un sens de l'orientation digne d'un pigeon voyageur!
Si! Si! C'est pas la peine de rigoler! Je sais ce que j'écris!
Bon! J'avoue quand même que Corinne nous avait précédée, mais de très peu!
Et en « lâcheuse » patentée, elle n'était pas remontée pour nous montrer le chemin!
Seuls ses cris et ses « coucous » nous guidaient depuis la vallée!
Quant aux « veinards », le c… bordé de nouilles, comme on dit vulgairement, partis sur la gauche, ils ont retrouvé facilement le chemin que nous aurions dû prendre primitivement, et sont arrivés à l'hôtel, une bonne plombe avant nous!
Il n'y a rien à faire! Il y a les poissards, et les.....autres!
L'essentiel, c'est que nous sommes tous rentrés sains et sauf, en bonne santé, et vivants!
Même moi, j'ai survécu à cette redoutable épreuve!
Mais c'était pas fini, hélas! Le lendemain, c’était lundi ! Jour de reprise du vrai boulot !

A suivre!